Lo curat de Cucugnan

Le curé de Cucugnan
2008
Illustrateur: 
Traducteur: 
978-2-917111-02-4
15.00€
Statut: 
Publié

Peu de gens savent que Daudet n’a pas écrit lui même le célèbre Curé de Cucugnan; il le tenait comme il prend la peine de le préciser au début de son texte - de Roumanille, qui à son tour l’avait adapté d’une ou plusieurs versions antérieures. Mais ce qu’il nous importe de faire savoir ici, c’est que c’est bien lui, Roumanille, qui a donné à ce texte sa forme littéraire complète et définitive : Daudet, partant du texte provençal, s’est contenté d’une adaptation qui est en fait une traduction légèrement condensée. La comparaison des deux textes, celui de Roumanille et celui, postérieur, de Daudet, montre bien que ce dernier est resté absolument fidèle au style et au mouvement du conte provençal ; on n’y trouvera aucun apport personnel, juste des coupures ou l’allègement de certains passages, comme par exemple le début du sermon. Et tout ce que le lecteur français adore chez Daudet, l’allégresse du ton, le style bon enfant du récit, les savoureux provençalismes, tout cela, jusque dans les moindres détails, vient du génie de Roumanille, comme on s’en rendra facilement compte par les quelques citations suivantes :

« Moi, pecaire ! je frappais des pieds… »
« E, pecaire ! picave di pèd… »
«…les chemins ne sont pas beaux de reste… »
«…li camin soun pas bèu de rèsto… »
« Vous trouverez une porte…à main droite… »
« Atrouvarés uno porto…à vosto man drecho… »
« Adessias ! Tenez-vous sain et gaillardet. »
« Adessias ! Tenès-vous siau e gaiardet. »
« …écrivait, cra-cra, dans un grand livre… »
« …escrivié, cra-cra, dins un grand libre… »
« Sainte Croix ! Jésus, fils de David ! ai ! ai ! ai ! »
« Santo Crous ! Jèsu, fiéu de Dàvi ! ai !ai !ai ! »
« Dieu vous le donne ! »
« Diéu vous lou doune ! »
« …j’étais tout en eau… »
« …ère tout en aigo… »

Avec, pour preuve finale et définitive, tout le paragraphe qui clôt le conte lui-même :
« Et le bon pasteur M. Martin, heureux et plein d’allégresse, a rêvé l’autre nuit que, suivi de tout son troupeau, il gravissait en resplendissante procession, au milieu des cierges allumés, d’un nuage d’encens qui embaumait, et des enfants de chœur qui chantaient Te Deum, le chemin étoilé de la Cité de Dieu. »
« E lou bon pastre Mounsen Martin, urous e trefouli, a pantaia, l’autro niue que, segui de tout soun avé, escalavo, en trelusènto proucessioun, au mitan di cire atuba, d’un nivo d’encèns qu’embaumavo, e dis enfant de Cor que cantavon Te Deum, lou camin estela de la Ciéuta de Diéu ! »

Y. Gourgaud et P. Berengier
(Extraits de la Préface)

Le curé de Cucugnan, Joseph Roumanille